écologie / santé


Quel est l'importance des pratiques traditionnelles africaines ayant un effet sur la santé des femmes et des enfants?

Exemples de pratiques exercées au Bénin et dans d'autres pays de l'Afrique de l'Ouest.

Que faire vis-à-vis de coutumes ayant un effet négatif sur la santé des femmes et des enfants?

le texte suivant est de Sylvie Tepa et Epse Amadou, dans: Agenda de la Femme 1998, DED/GTZ/MSPSCF – Projet Bénino-Allemand des Soins de Santé Primaire.


LES PRATIQUES TRADITIONNELLES AYANT EFFET SUR LA SANTE DES FEMMES ET DES ENFANTS :

AVANTAGES - INCONVENIENTS

Une condition indispensable au développement est l'amélioration du rôle productif et reproductif des femmes. Cette amélioration est nécessaire à leur intégration active en tant que participantes et bénéficiaires du processus de développement socio-économique de leur pays.
Il est donc important de prendre en considération les valeurs, attitudes et pratiques TRADITIONNELLES qui affectent le statut des femmes en général mais surtout leur santé et celle de leurs enfants.
La majorité des femmes étant soumises aux exigences des valeurs sociales, la sécurité matrimoniale et le besoin d'intégration leur imposent l'observance de rituels sociaux très stricts. Alors que certains de ces rituels sont porteurs d'éléments positifs du point de vue formation et éducation, d'autres hélas! ont des conséquences médicales et contribuent aux complications endurées par les femmes lors de l'accouchement.
Les bonnes pratiques doivent être naturellement entretenues et encouragées; tandis qu'il importe de combattre celles considérées nuisibles pour la santé.

Les efforts concertés du gouvernement et de tous les acteurs de développement sont nécessaires pour effectuer les changements nécessaires au sein de nos sociétés afin que ces pratiques soient découragées.

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Cette liste non exhaustive des pratiques ayant cours dans nos régions nous en donne une idée:

Pratiques positives

* L'allaitement maternel
* Le port du bébé au dos

* Le massage raisonnable du nouveau-né
* Les infusions et décoctions pour la dentition, la marche, etc.


Pratiques négatives

* Les mutilations sexuelles
* Le gavage traditionnel
* L'infanticide

* Le mariage et les grossesses précoces
* Les interdits alimentaires

* Le lévirat
* Les cérémonies de veuvage

* L'utilisation de matériels non stériles pour diverses opérations
* L'application de substances corrosives ou souillées sur la plaie ombilicale

* L'épreuve de la toilette de l'accouchée
* L'épreuve d'étouffement

* Les tatouages, cicatrices raciales et/ou esthétiques
* La taille des dents.

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I. Pratiques positives

Considérées jusque là comme empiriques, certaines de ces pratiques connaissent depuis quelque temps un regain d'intérêt de la part des pays occidentaux. Il s'agit de:

* L'allaitement maternel

Les recherches récentes reconnaissent incontestablement à cette pratique de nombreux avantages surtout s'il est exclusif jusqu'à 4 mois. Son caractère évolutif en fait l'aliment par excellence du bébé ( la composition du lait maternel évolue avec l'âge du bébé, au cours de la journée et au cours de la tétée).

* Le port du bébé au dos

En plus du renforcement du lien affectif mère-bébé, il corrige les luxations de la hanche du bébé qui peuvent passer inaperçues à cet âge.

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II. Pratiques négatives

Elles perdurent bien que leurs causes réelles soient mal connues. Prenons par exemple

* Le gavage traditionnel

Phénomène important lié à la culture, le gavage est une pratique traditionnelle d'alimentation dès la première semaine de vie du bébé. Les formes varient mais les principes et les objectifs restent les mêmes.
Des plantes, tiges feuilletées ou racines entrent dans la préparation des infusions ou décoctions dont on gave les enfants; plus tard les bouillies seront également administrées de cette façon.
Il est incontestable que la pharmacopée regorge de trésors pour la santé des individus; par conséquent c'est la technique même du gavage qui est incriminée. Même pratiquée par des personnes expérimentées, les inconvénients sont nombreux et les conséquences tragiques.

Inconvénients liés à la pratique:
- Perte de l'odorat par suite de lésions du système olfactif
- Encombrement – fausses routes pouvant entraîner des infections broncho-pulmonaires
- Suffocation

- Intoxications
- Mort

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* Le mariage et les grossesses précoces

La discrimination envers les filles commence tôt dans leur vie et affecte leur santé au fur et à mesure qu'elles grandissent. L'espérance des parents de voir les filles contribuer au revenu familial est minime une fois qu'elles sont mariées et quittent leur famille. Ainsi, une femme qui a été élevée pour se sentir plus faible, moins utile à la famille et moins importante pour la société en général souffre d'un manque crucial de confiance en elle-même, ce qui réduit son potentiel de contribution au développement. La seule issue pour gagner le respect semblent être le mariage et la maternité.
Beaucoup d'adolescentes sont mariées jeunes dans certaines ethnies (entre 9 et 16 ans). Le fait que la fille soit scolarisée et fréquente l'école ne la dispense pas d'être retirée (quelquefois en pleine année scolaire) pour être donnée en mariage. Le fait aussi qu'une fois marié, le couple ne pratique aucune contraception amène ces adolescentes à concevoir très vite.

Même si elles n'ont pas eu un mariage précoce, beaucoup d'adolescentes entrent en activité sexuelle précocement si bien que la proportion des grossesses chez les adolescentes est très élevée.

A – Grossesse chez l'adolescente

C'est un facteur de risque important, que la grossesse soit voulue ou non, car il augmente la prévalence de la morbidité et de la mortalité maternelles et infantiles.

B – Conséquences

- Manque de préparation psychologique et physique pour supporter une grossesse entraînant quelquefois: négligence, infanticide.
- Avortement clandestin quelquefois tardif, avec ses complications: infections, stérilité, hémorragie, traumatisme des voies génitales (perforations, brûlures du vagin), MST, rejet de l'adolescente de sa famille, exclusion de l'école, mort.

- Grossesse non suivie (car dissimulée) avec pour corollaire: anémie, problème nutritionnel, toxémie.
- Risque obstétrical: dystocie osseuse due à un bassin étroit résultat d'un arrêt de croissance, lacérations, traumatismes, fistules vésico-vaginales probables augmentant le taux de morbidité maternelle et infantile.

- Risque d'accouchement prématuré, enfant de faible poids ou mort-né.
- Arrêt de l'instruction de l'adolescente et risque de devenir une future mère adolescente.

Une grossesse sera mieux portée avec moins de risques chez une fille de 18-20 ans que chez une adolescente de 15 ans. Il importe donc d'aider les parents et les enfants à comprendre cela, car avoir un enfant est pour les parents une lourde responsabilité à ne pas négliger.

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* L'épreuve de la toilette de l'accouchée

Plus que la toilette elle-même, ce sont les conditions dans lesquelles elle se fait qui sont ici incriminées.
Dans la tradition, on affirme qu'après un accouchement, le sang stagne dans l'abdomen et qu'il faut l'évacuer pour la santé de la mère.

Aussi les premiers bains de la nouvelle accouchée sont-ils particulièrement surveillés et assistés Lorsque l'accouchée a fini son bain elle fait appel à "l'assistante" pour la deuxième phase de la toilette, phase crainte car synonyme d souffrances.
L'assistante procède alors à un véritable "nettoyage" du vagin à l'aide d'eau chaude voire bouillante et de savon indigène noir sans s'émouvoir des cris atroces que pousse l'accouchée.

Certaines n'hésitent pas à introduire leur main dans le vagin pour un meilleur résultat.
Conséquences: de graves brûlures de la vulve et/ou du vagin avec des risques de surinfections.

L'épreuve de la toilette de l'accouchée fait partie des pratiques négatives entretenues par les femmes et la société sous le couvert des traditions. Elle doit être coûte que coûte bannie de nos habitudes.
La femme accouchée, comme toute femme d'ailleurs doit s'appliquer lors de son bain, à faire correctement sa toilette intime en évitant l'introduction intempestive de produits ou d'objets dans le vagin afin d'éviter des infections auxquelles la prédispose son nouvel état d'accouchée.

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Conclusion

Aussi paradoxal que cela puisse paraître, la plupart de ces pratiques tant décriées, ces supplices qui portent atteinte à l'intégrité des femmes et des enfants sont principalement entretenues par des femmes, qui s'estiment garantes des traditions.
Il importe qu'à travers des campagnes de sensibilisation, la société reconnaisse l'existence de ces problèmes et le besoin de changement de comportement. Une scolarisation massive des filles, l'éducation sexuelle des jeunes avec la participation des parents peuvent constituer des solutions ou pistes de solutions afin d'abolir des coutumes gravement préjudiciables à la santé physique, morale et sociale de milliers de femmes; coutumes qui se perpétuent grâce au silence complice des uns et l'ignorance des autres.

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