justice globale


Merci beaucoup à ECOVOX, le magazine de l'écologie et du développement durable, pour nous avoir permis la publication de cet article.

L'économie-monde à l'aune de la durabilité

par Hélène Nkegnie, Journaliste

Pendant longtemps, les impératifs de développement et de protection de l'environnement semblaient incompatibles. Depuis les années 80, la tendance semble s'inverser.

L'image que K.E. Boulding donne de l'économie-monde mérite une attention particulière. Selon ce sociologue et économiste, nous sommes dans une " économie du cosmonaute dans laquelle la terre n'est plus qu'un simple vaisseau spatial, dépourvu de tout réservoir illimité, que ce soit pour l'extraction ou pour la pollution, et par conséquent dans lequel l'Homme doit trouver sa place à l'intérieur du cycle écologique capable d'une reproduction continue sous forme matérielle, même s'il peut se passer des apports extérieurs en énergie ".

Cette vision fait ressortir une idée capitale: on ne peut pas dissocier l'économie de l'écologie. Pour se développer, l'économie puise ses ressources dans la terre. Mais ces ressources ne sont pas illimitées. L'écologie exige de les préserver, pour une économie durable. Cette interdépendance a sous-entendu la globalisation des problèmes écologiques. Etant donné que c'est le Nord qui possède les technologies et nécessite les matières premières du Sud, il doit prendre sa part à sa gestion et à sa conservation, d'une manière concrète. Le Sud, lui, a plutôt besoin de veiller sur la pérennité de sons stock de ressources naturelles. A cet effet, cet espace géopolitique fait également recours aux technologies du Nord qui doivent être appropriées. L'interdépendance écologique et l'interdépendance économique se trouvent ainsi imbriquées. D'où la pertinence d'un développement durable.

Il faut dire que c'est dans les années 80 que, sous la pression de certaines ONG, l'opinion internationale a compris que l'humanité entière est menacée par le développement tous azimuts qui ignore la dimension protection de l'environnement. La publication en 1980 de la Stratégie Mondiale de conservation de l'IUCN, ainsi que celle en 1987 du " rapport Brundlandt " vont efficacement contribuer à faire de l'environnement une partie intégrante du " développement durable ". En effet, d'après les recommandations de la Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement contenues dans l'ouvrage intitulé Notre avenir à tous, " une nouvelle voie de développement était nécessaire pour générer le développement humain, non pas uniquement à quelques endroits et pendant quelques années, mais pour la planète entière et pour un futur à long terme ". La conférence de Rio de 1992 est une traduction de la volonté de la communauté internationale de définir rapidement les règles de cet éco-développement.

En fait, le développement durable est un concept qui veut que les actions économiques soient engagées, tout en préservant la biodiversité pour les générations futures. Aucune stratégie de développement ne devrait plus se concevoir sans la prise en compte de l'impact environnemental. Son objectif est donc d'atteindre un développement sain, alliant croissance et respect de la nature. Donc un équilibre entre la croissance et la nature, entre les hommes et les femmes ; un équilibre entre les cultures, les civilisations ; entre les êtres vivants, entre le Sud et le Nord, entre l'Est et l'Ouest.

Le développement durable a quatre défis à relever : économique, humain, environnemental et technologique. Au niveau économique, il s'agit de transformer les économies afin de protéger et d'exploiter les systèmes naturels (le recours par exemple aux engrais naturels); de répartir équitablement les revenus de la production ; de créer des technologies plus propres, moins destructrices et moins gourmandes en ressources ; d'utiliser des énergies renouvelables. Au niveau humain, il est question d'améliorer l'éducation et les services de santé, de lutter contre la pauvreté et d'assurer un bien-être à l'homme par le respect des droits fondamentaux.

Le défi technologique voudrait que les technologies puissent produire peu de déchets polluants, qu'elles puissent recycler et opérer une symbiose avec la nature. Le défi environnemental, enfin, recommande l'accroissement du rendement sans toutefois dégrader les écosystèmes. Il est par conséquent indispensable de prévenir et d'éviter toutes les atteintes irréversibles à l'environnement mondial, de préserver les possibilités offertes aux générations futures.

En définitive, le développement durable exige une double équité: équité pour les peuples qui vivent maintenant, équité pour les générations à venir. L'impératif du développement durable, aussi bien à l'échelon local que global, relève de l'ordre de la survie. Et pour cause! les enjeux sont planétaires.

Cet article a été publié dans le dossier " La mondialisation: alternative ou obstacle écologique ? " de ECOVOX Nr. 20, Octobre-Décembre 1999.

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